L’ATEE Picardie a organisé, le 22 mars dernier, une journée de conférences sur la méthanisation et le biogaz, à LaSalle Beauvais.
12 intervenants ont partagé leurs informations concernant :
- Le contexte national et régional,
- L’évolution du cadre tarifaire de production d’électricité
- Les conditions d’injection du biogaz dans le réseau
- L’évolution de la réglementation ICPE et la gestion des risques,
- Les retours d’expériences en Picardie
- Les programmes de recherche en région Picardie
Sont intervenus : Jean-Claude MOMEUX – ATEE Picardie, Daniel DELALANDE – DGEC MEDDTL, Iman PIASECZNY - ADEME DR Picardie, Caroline Marchais - ATEE Club Biogaz, Ludovic DEMOL - DREAL Picardie, Olivier ALBOUY – GRDF, Eric DELACOUR – FERTIGAZ, Sébastien EVANNO – INERIS, Olivier LESPINARD – ERIGENE, Thierry RIBEIRO – LaSalle Beauvais, André PAUSS – UTC et Vincent PIBOULEU - ADEME DR Picardie.

La méthanisation est un procédé biologique de traitement de déchets ou de co-produits qui permet la production d’un « digestat » moins volumineux, plus économe en transports donc, moins odorant et plus adapté à une valorisation agronomique en substitution d’engrais minéraux fort consommateurs d’énergie. Son potentiel de réduction des gaz à effet de serre (GES) est important. Ce processus de dégradation de la matière organique est, par ailleurs, à l’origine de la production de biogaz, composé majoritairement de méthane. La filière méthanisation présente non seulement des enjeux territoriaux, mais aussi des enjeux en termes d’emplois concernant aussi bien les collectivités, les industries agroalimentaires, que les agriculteurs, d’ailleurs de plus en plus nombreux à pratiquer la méthanisation au sein de leurs exploitations.
Le contexte national
Le développement des énergies nouvelles et renouvelables (ENR) fait partie des engagements pris dans le cadre de l’Europe et du Grenelle de l’Environnement. Les objectifs comprennent une croissance de +20 Mtep/an d’ENR (+10 Mtep de chaleur renouvelable, +7 Mtep d’électricité renouvelable, +3 Mtep de biocarburants), tout en atteignant 23% d’ENR dans le mix énergétique.
Le biogaz représente donc un enjeu important avec un objectif de production d’électricité par co-génération (valorisation simultanée de la chaleur produite) de 3 700 GWh/an avec une puissance 625 MW en 2020 (pour 1 000 GWh/an en 2010) et de production de chaleur ou il faudrait atteindre 555 000 tep en 2020 (pour 130 000 tep en 2010).
La méthanisation en Picardie
La Picardie est « pionnière » de la méthanisation avec le démarrage en 1988 de l’unité de valorisation d’ordures ménagères, procédé VALORGA, à Amiens (80). A l’époque, il était déjà prévu l’injection du biogaz après épuration, mais il était trop tôt !
L’unité est aujourd’hui exploitée par IDEX, et près de 3 500 tonnes équivalent pétrole (tep)/an ont été valorisées sous forme de vapeur pour un industriel à proximité. D’autres unités industrielles se sont installées depuis dont celles de CLARIANT à Trosly-Breuil (60), ou plus récemment ROQUETTE à Vecquemont (80), probablement une des plus grosses de France (600 000 équivalents habitants), qui génère une économie d’environ 15% de la consommation de gaz du site !
L’unité de méthanisation FERTIGAZ de Passel (Oise), mise en place il y a 30 mois – en partenariat avec l’ADEME, la Région Picardie, l’Agence de l’Eau Seine Normandie et l’Union Européenne –, permet de traiter 16 500 tonnes/an de déchets d’industriels ou de collectivités provenant d’un rayon de 50 km. L’unité génère 2.050.000 m3/an de biogaz produisant par cogénération 5 000 MWh/an d’électricité (soit 4 500 équivalents habitants). 12 000 m3 de digestat et 4 800 tonnes de compost de qualité sont valorisés auprès de l’agriculture (1 000 ha). Le traitement des odeurs a dû faire l’objet d’une attention particulière.
La co-digestion de déchets de natures très différentes impose un savoir-faire et un suivi du process rigoureux. Une forte concurrence sur les matières méthanogènes de la part des pays voisins – tarifs de l’électricité plus élevés – oblige à adapter la politique commerciale. Par ailleurs, les contraintes administratives ICPE sont importantes.