Dans le cadre du tremblement de terre au Japon, un journaliste du Courrier Picard a interviewé Yannick VAUTIER, Responsable du Département Géosciences à LaSalle Beauvais, sur les risques sismiques encourus… en Picardie. Le point sur les risques auxquels notre région est exposée.
La Picardie se situe dans le Bassin de Paris, qui, au même titre qu’une grande partie du bassin d’Aquitaine, présente un risque sismique très faible (voir les cartes du RéNaSS ci-dessous).
- sismicité en France de 1980 à 2009 (pour consulter la carte, cliquer sur "sismicité" dans le menu de gauche puis "la carte de sismicité" (d'après la banque RéNaSS)
- sismicité annuelle en France, de 1980 à 2009
Le risque de voir en Picardie un séisme de l’amplitude de celui qui vient de ravager le Japon est donc nul à l’échelle humaine. La raison ? Le contexte géologique n’est pas comparable avec celui du Japon situé à l’aplomb d’une zone de subduction, là où les plaques pacifique et philippine plongent sous la plaque eurasienne. Ce phénomène complexe induit inévitablement une forte activité sismique, du volcanisme et indirectement des tsunamis lors des tremblements de terre.
Le bassin de Paris, à l’inverse, se situe dans une zone à « l’abri » de l’affrontement de plaques tectoniques.
Néanmoins, comme l’activité tectonique concerne tous les continents de la planète, le bassin de Paris, et donc la Picardie, connaissent une activité sismique mais de faible ampleur. Cette zone géologique sert en quelque sorte « d’amortisseur » aux poussées des Alpes et des Pyrénées, chaînes de montagnes actives de notre pays.
La Picardie est traversée de failles profondes [failles anciennes, vieilles de plus de 250 millions d’années, formées dans des contextes géologiques différents du contexte actuel], et dont l’activité est faible : la faille de la Seine, la faille d’Eu, celle du Bray, celle de la Somme et plus au Nord, celle de l’Artois. Ces failles sont de temps en temps réactivées sous l’effet de contraintes tectoniques liées à la surrection (au soulèvement) des Alpes et des Pyrénées.
Depuis les années 1980, environ 40 séismes se sont produits en Picardie et Nord–Pas-de-Calais mais ne dépassant pas 3 sur l’échelle de Richter. Le plus fort a été répertorié en 2007, au large de Boulogne sur Mer, d’une amplitude de 4,7.
Le danger ne pourrait-il pas venir de la mer ?
La façade atlantique et la façade nord ne possèdent pas de zones de subduction (lorsqu’une plaque océanique plonge sous une plaque terrestre) ; il n’y a donc pas de risque majeur de séisme de ces côtés-là.
La Mer Méditerranée toutefois, à la jonction des plaques européennes et africaines, présente davantage de risques tectoniques. Les normes de construction (normes parasismiques) dans de nombreuses régions de France prennent en compte ce risque potentiel. La Picardie, quant à elle, risquerait au maximum des désordres mécaniques au niveau des constructions (fissures par exemple) voire éventuellement des ruptures de digues sur le littoral.